Il y a cette chose bien mystérieuse que les hommes appellent l’Au-delà, comme s’ils voulaient, dans cette timide désignation, ouvrir un chemin à la consolation de leur chagrin. Mais rien n’apaise la douleur que laissent en nous ceux qui nous quittent à tout jamais. Rien ! Chacun, par expérience, le sait bien, un jour ou l’autre. Il en est ainsi. Bernard, tu fus notre jeunesse, avec Mamie, la courageuse, celle qui avec une force d’âme, devant laquelle nous nous inclinons, t’a accompagné durant de longs mois dans l’injuste épreuve qui te fut donnée, sans jamais se plaindre, sans un mot qui puisse laisser deviner l’âpre combat qu’elle livrait pour toi et avec toi. Nous garderons en nous ton beau regard, d’un bleu si limpide, si accueillant où on aimait se reposer en t’écoutant évoquer ton métier, tes goûts et tes passions ; nous garderons la générosité qui t’animait, ta gentillesse sans limite, ton infatigable bonne humeur, ton enthousiasme que rien ne désarmait, ton souci extrême de la famille - des tiens ! - de ceux qui pour toi valaient toutes les richesses de ce monde. Où que tu sois désormais, nous savons que tu veilleras sur eux grâce à ces liens invisibles que savent tisser, à notre insu, ceux qui nous laissent, inconsolables à jamais ; où que tu sois, sache que nous entretiendrons en nous ton beau visage, le son de ta voix et ton rire enjoué, pour que, longtemps encore, nous nous souvenions de notre chance de t’avoir connu, de t’avoir aimé et surtout d’avoir été aimés de toi.
Carmen et Roger